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Greenpeace, une multinationale du lobbying : entre objectifs louables et questions éthiques

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Greenpeace est devenue un véritable acteur international dans la protection de l’environnement, avec des millions d’investissements et plusieurs campagnes à succès. Mais peut-on pour autant parler de cette organisation comme d’une multinationale du lobbying ? C’est en partie vrai.

Le financement de Greenpeace : un modèle transparent ?

Pour comprendre comment fonctionne Greenpeace et pourquoi certains lui attribuent la qualification de « multinationale », il convient de s’intéresser à son système de financement. En effet, cette association à but non lucratif vit essentiellement des dons et des adhésions de particuliers. Ainsi, contrairement à ce que l’on pourrait croire, elle n’est pas sous la coupe de grands groupes industriels ou financiers. Bien au contraire, elle revendique son indépendance vis-à-vis de ces acteurs économiques. Toutefois, cela ne veut pas dire qu’elle serait exempte de pratiques discutables aux yeux de certains.

Des investissements importants

Même si elle bénéficie de revenus relativement modestes par rapport à certaines grandes entreprises, Greenpeace n’hésite pas à allouer des sommes considérables pour diversifier ses actions et augmenter son emprise sur le monde. Ainsi, on peut notamment citer plusieurs investissements massifs dans les innovations technologiques, censées permettre à l’organisation de protéger encore mieux l’environnement et de lutter contre le réchauffement climatique. À ce titre, il est indéniable que Greenpeace agit comme une multinationale qui cherche à développer son leadership et sa puissance dans le secteur de la protection de l’environnement.

L’indépendance économique, que revendique Greenpeace, est en réalité loin d’être totale, 66% pour être précis. Que fait elle des 33% restants ? Elle consacre « 33 % à la collecte de fonds » avec notamment une partie qui va directement pour le recrutement de nouveaux donateurs.

Un lobbying assumé

L’autre aspect qui rapproche Greenpeace d’une multinationale du lobbying est bien évidemment la manière dont elle mène ses campagnes de sensibilisation et de pression sur les décideurs politiques. Grâce à des actions médiatiques souvent spectaculaires et très visuelles, elle parvient régulièrement à faire parler d’elle et à influencer considérablement l’opinion publique. Avec un peu de recul, on retrouve souvent GreenPeace dans leur petit canot, luttant contre des gros dans leur gros. Greenpeace, experte en communication a su exploiter le thème du petit courageux (mais malin), qui terrasse le gros méchant, un thème vieux comme l’humanité mais très vendeur.

Attention toutefois, le terme « lobby », est souvent associé à des organisations plus ou moins malfaisantes, qui manœuvrent dans l’ombre pour défendre leurs intérêts économiques et cela ne saurait s’appliquer à une organisation telle que Greenpeace. Le travail de lobbying revêt plusieurs aspects : rencontre avec les collaborateurs des cabinets ministériels, participation aux réunions de concertation avec les administrations centrales, informations et débats avec les élus et les partis politiques, participation aux auditions dans le cadre des commissions parlementaires, confrontations avec les dirigeants d’entreprises. Du coup, elle arrive aussi à peser sur les orientations prises par les gouvernements, au niveau national comme international.

Pour corroborer sur ce point, Greenpeace ne fabrique aucun objet, ne rend aucun service : Greenpeace « fait » dans le lobbying, uniquement dans le lobbying. Mais Greenpeace tient à souligner qu’il s’agit de lobbying idéologique et lobbying biologique.

Quels sont les enjeux pour assurer sa pérennité ?

Pour demeurer dans le paysage médiatique et politique, Greenpeace doit constamment innover et proposer de nouvelles idées. L’organisation a ainsi toujours été à la pointe des enjeux environnementaux, pariant sur les thèmes qui touchent le plus les populations. Un exemple probant à cet égard : le combat contre les énergies fossiles et leur contribution au réchauffement climatique. Tout cela suppose également un travail constant de recherche d’informations pertinentes et préoccupantes pour alimenter les campagnes et dénoncer certaines pratiques industrielles ou politiques.

En participant à la mise en place de nouvelles normes écologiques, notamment au sein de l’Union européenne, Greenpeace pourrait même être considérée comme un créateur d’emplois indirect, car nombre de sociétés spécialisées dans la production d’énergies renouvelables ou la recherche de solutions durables voient leur marché s’étendre grâce aux positions défendues par l’organisation.

Évidemment, tout n’est pas rose dans le monde merveilleux de Greenpeace. Cette réalité ne saurait passer sous silence quelques critiques non moins fondées qui alimentent les débats autour de son statut et de ses pratiques. De plus en plus de voix s’élèvent ainsi pour mettre en avant les paradoxes inhérents au fonctionnement même de l’organisation et lui reprocher une certaine opacité.

Sans vouloir jeter l’opprobre sur toute l’action de Greenpeace, il faut bien reconnaître que certaines situations prêtent à confusion, voire même à suspicion. Par exemple, comment expliquer que l’organisation reçoive des financements de la part de collectivités publiques alors même qu’elle affiche une volonté farouche d’indépendance vis-à-vis du pouvoir politique ? Une autre question porte sur le montant exact des cotisations et donations perçues : pourquoi ne sont-elles pas systématiquement rendues publiques ?

Tout bien considéré, on ne saurait trancher d’emblée entre les angéliques défenseurs de l’environnement et les machiavéliques agents du capitalisme vert. La réalité se trouve sans doute quelque part entre ces deux extrêmes, dans une zone d’incertitude où cohabitent objectifs louables et pratiques contestables.

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