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La transition énergétique ratée de l’Allemagne.

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En Bref

La transition énergétique : est-ce pour émettre moins de CO2, où pour sortir du nucléaire ?

Est-il possible de sortir du nucléaire civil, et en même temps réduire les émissions de CO2 ?

L’Allemagne émettait beaucoup plus de CO2 par habitant que la France.
Une transition énergétique après, des milliards d’euros investis après, l’Allemagne est maintenant couverte d’éoliennes… et continue à émettre beaucoup plus de CO2 par habitant que la France ! Un énorme gâchis.

Transition énergétique : lutter contre le réchauffement climatique et en même temps sortir du nucléaire ?
Énergies renouvelables ou énergies bas-carbone ?
L’objectif premier de la transition énergétique était de lutter contre le réchauffement climatique en réduisant les émissions de CO2. Les nouveaux héros des temps modernes étaient des héros verts en bleu de travail qui bâtissaient un avenir rose pour tous. Ils construisaient de merveilleuses éoliennes, installaient de merveilleux panneaux photovoltaïques, isolaient merveilleusement les maisons. La transition énergétique c’était économiser l’énergie (dans les pays déjà riches) et développer partout les énergies bas-carbone. Une précision de vocabulaire est nécessaire ici :

  • Les énergies bas-carbone émettent peu de CO2.
  • Parmi les énergies bas-carbone, il y a les énergies renouvelables.
  • Parmi les énergies bas-carbone, il y a aussi le nucléaire.

Pour lutter contre le réchauffement climatique, ce qui importe est de développer les énergies bas-carbone, toutes les énergies bas-carbone.

Mais la finalité première de la transition énergétique s’est brouillée. Il faudrait maintenant marier la lutte contre le réchauffement climatique et la sortie du nucléaire.

« Si quelqu’un a quelque raison que ce soit de s’opposer à ce mariage, qu’il parle maintenant, ou se taise à jamais »

Il y a en effet, au minimum, des questions à poser, je les pose maintenant, sans intention de me taire à jamais.

Est-il vraiment possible de sortir du nucléaire, « et en même temps », de glisser l’anneau au doigt de la sortie du réchauffement climatique ? Les énergies renouvelables ont-elles les épaules assez solides pour faire le job à elles seules ?
Les scénarios climatiques, l’outil de base pour ces questions, donnent la réponse, sur laquelle s’appuient le Giec, l’IEA, etc. : les énergies renouvelables ne suffisent pas, pour limiter le réchauffement climatique à un niveau supportable il faut aussi exploiter l’énergie nucléaire.

Il faut donc choisir, maintenant, entre le risque d’un accident nucléaire éventuel, local, et celui du réchauffement climatique inéluctable, global, peut-être globalement catastrophique. Si la planète brûle, à quoi aura servi de sortir du nucléaire ?

Mais les politiques énergétiques des états… sont des politiques, elles ne s’inspirent pas toujours des résultats des chercheurs.

La transition énergétique en Allemagne : peut-on sortir du nucléaire, et en même temps, sortir du réchauffement climatique ?
L’Allemagne ayant choisi de sortir du nucléaire, voici comment a évolué la production d’électricité brute en Allemagne par source d’énergie :

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Source : ag energiebilanzen

Ce diagramme montre la croissance spectaculaire des énergies renouvelables en Allemagne. Des médias ont titré avec enthousiasme qu’en 2015 un tiers de l’électricité consommée en Allemagne était d’origine renouvelable. Mais cela n’empêche pas que la part des énergies fossiles ne baisse pas ! Elle reste pratiquement constante, et élevée. Parce que les énergies renouvelables en Allemagne ne servent qu’à remplacer une autre énergie bas-carbone, le nucléaire. De sorte que la moitié de l’électricité allemande qui était d’origine fossile… est encore d’origine fossile : 52 % d’énergie fossile dans l’électricité allemande en 2015. Démonstration, en temps réel, de l’impuissance des énergies renouvelables à contrer le réchauffement climatique à elles seules.

clocher éoliennesMême avec des éoliennes derrière chaque clocher, l’électricité allemande sent mauvais ; elle sent le gaz russe, le charbon d’ailleurs, et la spécialité locale, le lignite.

Les éoliennes allemandes sont le cache-sexe du lignite allemand.

Électricité allemande : 52 % d’énergie fossile en 2015.
Électricité française : 6 % d’énergie fossile ; sans lignite.

Les arbres d’acier des éoliennes cachent la gigantesque forêt fossile allemande.

Sortir du réchauffement climatique, ou sortir du nucléaire ?
L’Allemagne peint en Vert des milliards d’euros sans réduire ses émissions de CO2 ! Elle fonce quand même dans le mur du réchauffement climatique, nous entraînant avec elle, parce qu’en cette affaire nous sommes tous accrochés comme des wagons, tous lancés sur les mêmes rails : le réchauffement climatique ne s’arrête pas à la frontière.

Faisons un peu d’histoire-fiction, d’uchronie. Et si l’Allemagne avait choisi une autre priorité ? Non pas sortir du nucléaire, mais sortir du réchauffement climatique. Avec le même investissement cela aurait donné le digramme suivant, où la progression des énergies renouvelable sert à réduire la part des énergies fossiles, et non à compenser la sortie du nucléaire (la baisse de production nucléaire du diagramme précédent a été reportée en tant que baisse de production par les énergies fossiles.) :

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On pourrait faire mieux encore, proposer un scénario encore plus révolutionnaire où les énergies fossiles baisseraient encore plus… mais au prix d’une augmentation du nucléaire. Épidémie d’apoplexie chez les Grünen à prévoir ! Pourtant, c’est un scénario déjà en œuvre, en Chine, qui développe hydraulique (barrage des Trois Gorges), éolien, photovoltaïque… et nucléaire ! Tout cela permet de réduire charbon et CO2, faut-il protester ? Quel seraient les arguments du Grünen qui serait tenté d’aller faire la leçon aux Chinois en leur reprochant leur politique nucléaire ?

Le gouvernement allemand s’était lancé tout schuss dans les énergies renouvelables. Il en découvre maintenant les difficultés et les limites, et doit se résoudre à quelques slaloms, et même à descendre prudemment en chasse-neige. Face aux difficultés de gestion du réseau électrique allemand (en plus de l’augmentation spectaculaire du prix de l’électricité pour les particuliers), le Parlement allemand a adopté le 8 juillet 2016 une réforme de la loi sur les énergies renouvelables, visant à en limiter le coût et le développement.

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