Les énergies renouvelables peuvent-elles remplacer les énergies fossiles à elles seules ?
La question se pose au niveau de l'ensemble de la planète : le CO2 ne s'arrête pas à la frontière.
Pour que les énergies renouvelables puissent remplacer les énergies fossiles il ne suffit pas qu'elles croissent, ce qui est le cas.
Il faut aussi qu'elles croissent plus vite que la consommation d'énergies fossiles, ce qui n'est pas le cas.
Les énergies renouvelables progressent...
la demande d'énergie aussi !
Peut-on vivre d'énergie renouvelable et d'eau fraîche ?

Tout le monde souhaite le développement des énergies renouvelables. Mais serait-il possible de vivre seulement d'énergie renouvelable et d'eau fraîche ?
Pourquoi pas ? Le Moyen Âge l'a déjà fait, avant la révolution industrielle ; l'eau, le vent...
... Et beaucoup d'huile de coude !
... Et l'eau n'était pas toujours fraîche, ni pure.
Puis les énergies fossiles sont arrivées. Elles ont apporté une formidable amélioration de nos conditions de vie.
Et pourtant, il faudrait maintenant faire le chemin inverse : abandonner les énergies fossiles et revenir aux énergies renouvelables. Est-ce possible ? Est-ce possible sans revenir aux pitoyables conditions de vie du passé ?
Pour l'huile de coude ce sera difficile. Les pays développés ont pris la mauvaise habitude d'être assistés de machines dans tous leurs travaux, aux champs ou à la mine. Et les machines sont des gourmandes en énergie. Quant aux pays émergents, ils ne souhaitent qu'une chose, c'est de vivre bientôt comme les pays développés, de prendre les mêmes mauvaises habitudes.
Mais non, nous n'aurons pas besoin de revenir à la pelle et à la brouette. Nous avons maintenant les nouvelles énergies renouvelables ; l'éolien, le photovoltaïque... Nous lisons tous les jours des bulletins de victoire dans la presse, qui laissent croire que l'avenir sera bientôt bercé du bruissement d'une multitude d'éoliennes, que les champs seront recouverts de centrales solaires, que nous serons comblés d'une énergie abondante et propre... Les énergies renouvelables progressent, elles finiront donc par remplacer les énergies fossiles, un enfant de cinq ans le comprendrait. « Un enfant de cinq ans le comprendrait ? Qu’on m’amène un enfant de cinq ans ! » (Groucho Marx)
Mais non. Ce qu'un enfant de cinq ans comprendrait, c'est qu'il ne suffit pas que les énergies renouvelables progressent : il faut aussi qu'elles progressent plus que la demande d'énergie. Et ce n'est pas le cas.

Source : D'après BP Statistical Review 2020
• La demande d'énergie croît – parce que la population mondiale croît ainsi que son pouvoir d'achat.
• Les énergies renouvelables et les énergies fossiles croissent pour répondre à cette demande.
Et ce sont les énergies fossiles qui gagnent ! Elles croissent plus que les énergies renouvelables en valeur absolue. (La seule période où ce ne fut pas le cas correspond à la crise financière de 2008 - 2009.)
Les énergies fossiles croissent, en absolu,
en dépit de la croissance des énergies renouvelables.
La part des énergies fossiles dans le mix mondial est d'environ 80 % (2019), celles des nouvelles énergies renouvelables d'environ 2 % (iea 2020)... il ne reste qu'à passer de 2 à 82 % pour remplacer les énergies fossiles.
Un coach délirant d'optimisme dirait :
"Aujourd’hui, vous sautez seulement 2 mètres ; mais allez ! On y croit, on lâche rien, on se défonce, on vide ses tripes, vous allez bientôt sauter 80 mètres, c'est à portée de mollet."
Mais ces choses-là n'arrivent que dans le monde merveilleux des bottes de sept lieues, dans les rêves.
Les éoliennes produisent des mégawatts, c'est méga-impressionnant ; mais pendant ce temps nous consommons des Gigawatts fossiles, c'est Giga-impressionnant.
Les énergies fossiles sont, seront encore longtemps
notre principale source d'énergie.
La croissance des énergies renouvelables : l'illusion des taux.
Les nouvelles énergies renouvelables sont récentes, elles ont une marge de progression importante. Environ un demi-million de panneaux solaires ont été installés chaque jour dans le monde en 2015, et deux éoliennes ont été installées chaque heure en Chine en 2015 ! Impressionnant ! Ces prouesses expliquent les taux de croissance extraordinaires des énergies renouvelables : 46,2 % par an pour le solaire photovoltaïque, 24,3 % pour l'éolien, depuis un très bas niveau en 1990. (IEA Statistics, Key renewables trends, EXCERPT FROM RENEWABLES INFORMATION, 2016 edition).
... Mais alors, pourquoi les nouvelles énergies renouvelables ne comptent-elles que pour 2 % du mix énergétique mondial ?
Parce que ces taux extraordinaires, trahissent en réalité... la faiblesse des nouvelles énergies renouvelables ! Ils illustrent que "plus on est petit, plus on peut grandir". Passer de 1 000 à 2 000 éoliennes c'est 1000 éoliennes en plus et 100 % de croissance ; passer de 100 000 à 101 000 éoliennes c'est encore 1000 éoliennes en plus, mais seulement 1 % de croissance [1].
Le diagramme suivant illustre le paradoxe.

Source : D'après Key world energy statistics, IEA - 2019
• En taux de croissance, les énergies renouvelables portent le maillot jaune, elles caracolent en tête.
• Mais en croissance absolue, ce sont les énergies fossiles qui tiennent la corde.
Parce que même un faible taux de croissance du volume important des énergies fossiles se traduit en une forte progression en absolu.
Les forts taux de croissance des énergies renouvelables...
... en trahissent la faiblesse.
C'est ce qui explique ce paradoxe qui passe généralement sous le radar des commentateurs et du public :
• les médias rapportent régulièrement les taux de croissance extraordinaires des énergies renouvelables, des parcs éoliens et solaires.
• Mais les mêmes médias annoncent tout aussi régulièrement que "Nous avons encore battu les records d'émissions de CO2".
L'enfant de cinq ans avait tout compris.
[1] C'est ce même paradoxe apparent qui fait que les pays les plus pauvres peuvent facilement avoir des taux de croissance de PIB élevés. Demandons : "Quels pays ont eu les plus forts taux de croissance de PIB en 2019 ?". Combien de réponses donneront le tiercé gagnant, même dans le désordre ? Le voici (données de La Banque Mondiale) :
- Timor-Leste : 18,7 %
- Tuvalu : 9,8 %
- Rwanda : 9,5
Et loin derrière...
- États-Unis : 2,4 %
... Mais il passera beaucoup d'eau sous les ponts avant que la production absolue de Timor-Leste rattrape celle États-Unis.
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