Énergie et réchauffement climatique L'énergie est vitale
L'énergie est vitale pour nos sociétés populeuses ; du pétrole coule dans leurs veines, du 220 V court dans leurs nerfs.
Mais les énergies fossiles sont à l'origine du réchauffement climatique.
Il faudrait renoncer à les utiliser.
Mais les pays émergents ont besoin de plus d'énergie pour se développer et vivre dignement eux aussi.
L’énergie est vitale
Autrefois quelques rares hordes de bons sauvages pouvaient subsister, plus ou moins mal, de baies et de racines, sans autre énergie que l'huile de coude.
Les anciennes civilisations, égyptienne, grecque, romaine, plus populeuses, ont dû trouver d'autres énergies. Elles ont utilisé des énergies renouvelables : la force des animaux domestiques, le bois prélevé sur la forêt… et l'huile de coude encore, mais de préférence celle des coudes des esclaves prélevés sur les peuples vaincus [1] - [2]. Lorsque l’on s’extasie sur un "travail de Romain", le pont du Gard, le Colisée… c’est un abus de langage ; il s’agit d’un "travail d’esclaves des Romains". Ce sont les esclaves qui ont embelli les cités romaines, qui ont bâti les aqueducs, les temples, pavé les rues... C'est par le travail de Romain des esclaves de Romains que Rome en l'an 0 était mieux équipée en rues pavées, en égouts, en distribution d'eau, que les villes de France au temps du roi soleil. En visitant Pompéi on ne s’étonne pas de ces rues parfaitement pavées – un luxe pourtant extraordinaire quand on considère qu’il fallut attendre Philippe Auguste au XIIe siècle pour paver quelques rues de Paris [5].
L'esclavage est maintenant interdit [6]. Cela ne s'est pas fait sous l'effet d'une soudaine poussée éruptive d'empathie et de générosité dans les cœurs. Tout simplement, on a trouvé autre chose : les énergies fossiles. L'entretien d'un esclave – que l'on est bien obligé de nourrir – est devenu plus coûteux que le pétrole fournissant le même travail.
Les esclaves libérés ont été remplacés par des milliards de moteurs. Chacun de nous dispose de centaines d'esclaves-moteur lui procurant confort et temps libre. Quand les moteurs tournent jour et nuit il n'est plus nécessaire d'envoyer les enfants aux champs ou à la mine, ils peuvent maintenant aller à l'école.
C'est l'énergie qui a permis l'amélioration spectaculaire des conditions de vie dans les pays développés – la santé, l'alimentation, le confort, la semaine de 35 heures et les congés payés, l'éducation, les loisirs, la sécurité, moins de pollution, etc.
Plus précisément, ce sont les énergies fossiles, abondantes et bon marché, qui ont permis ces miracles. 80 % de l'énergie consommée dans le monde est de l'énergie fossile.
C'est l'énergie fossile qui laboure dans les champs, qui pioche dans les mines, qui ouvre les routes, construit les logements, qui nous réchauffe, qui fait tourner les machines qui produisent nos voitures, vêtements, smartphones... Il faut des millions de machines gourmandes d'énergie, de pétrole, pour travailler la terre, récolter le blé, le transporter, le moudre, cuire le pain...
Le pétrole est vraiment génial, il fait notre confort !
Si génial qu'il est devenu une drogue dure.
Les économies de nos sociétés, quels que soient leurs systèmes politiques, sont fondées sur la disponibilité de l'énergie fossile, abondante et bon marché. Chaque producteur a besoin d'énergie ; il dépend aussi d'autres producteurs qui eux aussi ont besoin d'énergie, qui eux aussi dépendent d'autres producteurs, etc., et tous ont besoin de transports utilisant de l'énergie fossile (directement, ou indirectement via l'électricité).
Un château de cartes.
Que quelques cartes se détachent, le château s'écroule.
Le ciment du château, c'est l'énergie.
Mais, si le ciment manquait, si le pétrole manquait, si l'énergie devenait rare ?
Sans pétrole les artères qui irriguent les villes se vident de leur sang, le flot des camions se tarit, les boulangers attendent la farine et ne font pas de bâtards, il n'y a plus de pain quotidien et aucune prière ne pourrait le donner. Sans énergie il y aura encore de l'eau, mais il faudra aller la chercher à la rivière et elle ne sera plus potable.
Lorsque l'énergie fait défaut les États sont en manque, prêts à tout, même à entrer en guerre, pour se procurer leur dose auprès de n'importe quel dealer, pour conquérir les dernières gouttes de pétrole... Parce que lorsque l'énergie manque, des entreprises s'arrêtent, des briques se détachent, entraînant la chute d'autres briques, le château de cartes s'écroule de proche en proche dans un chaos de guerres et de famines.
L'énergie est vitale. L'énergie peut être chère, même dangereuse,
ce sont de vrais problèmes ;
mais ils sont secondaires comparés au chaos que le manque d’énergie entraînerait.
Les énergies fossiles sont le sang et la vie de nos sociétés ;
du pétrole coule dans leurs veines,
du 220 V court dans leurs nerfs.
Énergie et réchauffement climatique
Les énergies fossiles ont fait notre confort.
Ce confort a un prix : le dérèglement climatique.
Les énergies fossiles émettent du CO2, et le dérèglement climatique couve derrière ces émissions. On l'a d'abord deviné sur les courbes des chercheurs, alors même que nos sens n'en percevaient rien.

Source : Température mondiale : les prévisions du Met Office pour 2016 (depuis 1880, projection pour 2016).
Il se manifeste clairement maintenant, les catastrophes annoncées deviennent réalité : canicules, sécheresses, inondations, etc.
Tout bien pesé, le pétrole n'est pas vraiment génial.
Il faut réagir, vite, consommer moins de pétrole, moins d'énergies fossiles, c'est urgent [6-1].
Il est même déjà tard, en raison de l'inertie du système climatique. Le CO2 émis ne s'élimine pas tout de suite, sa durée de vie dans l'atmosphère est de plusieurs dizaines d'années. C'est-à-dire que le réchauffement climatique constaté ce soir ne vient pas du charbon que j'ai brûlé ce matin ; il vient du CO2 qui a déjà été émis depuis des dizaines d'années et se trouve encore dans l'atmosphère, qui la réchauffe encore, et continuera à la réchauffer longtemps encore.
Le rechauffement climatique est engagé, et on ne peut pas revenir en arrière. Si à partir d'aujourd'hui on ne consommait plus un seul gramme d'énergie fossile... l’effet serait le même que lorsqu’un supertanker lancé à pleine vitesse freine de ses supers quatre fers, ou que lorsque le Titanic tentait d'éviter l’iceberg : il n’y aurait pas d’effet ! Pas immédiatement, pas assez vite, trop tard ! Le Titanic a coulé, les banquises sont cuites, la messe climatique est dite.
Il y aura réchauffement. Il suffit d'attendre.
L'objectif maintenant n'est plus de l'éviter, mais de le limiter – et de s'adapter.
« Le réchauffement dû aux émissions anthropiques mondiales qui ont eu lieu depuis l’époque préindustrielle jusqu’à présent persistera pendant des siècles à des millénaires et continuera de causer d’autres changements à long terme dans le système climatique. » (Réchauffement planétaire de 1,5 °C - GIEC - 2019)
Quand il est urgent, il est souvent déjà trop tard.
On tente maintenant de rattraper le temps perdu en réclamant, pour tout de suite, un "traité de non-prolifération des combustibles fossiles" (Un traité pour en finir avec les combustibles fossiles - Réseau Action Climat). C'est vrai, il faut "en finir avec les combustibles fossiles", vite... mais on n'en finira pas plus vite en mettant la charrue avant les bœufs ! Sous peine d'effondrement économique et de chaos, on ne peut "en finir avec les combustibles fossiles" qu'à mesure qu'on peut les remplacer par des énergies bas carbone. Parce que l'énergie est vitale.
D'autant moins que pour l'instant ce sont les énergies fossiles qui piochent, qui creusent les mines, qui forgent, qui font tourner les aciéries, les usines, et tout ce qui est nécessaire pour produire les énergies de remplacement.
Pas d'énergies fossiles, pas d'éoliennes...
Il faut vraiment remplacer les énergies fossiles, vite. Mais si forte est notre dépendance actuelle aux énergies fossiles que cela demande des transformations considérables des systèmes économiques et des comportements. C'est pourquoi cette "transition énergétique" ne progresse pas, ou peu ; il faut beaucoup de sagesse et de raison pour accepter des sacrifices aujourd'hui pour prévenir des problèmes futurs ; pourquoi remettre à aujourd'hui ce qu'on peut faire demain ? De sorte que le risque existe que l'on ne sorte des énergies fossiles, dont les réserves baissent inexorablement, que sous la contrainte des pénuries.
Trop tard.
Trop tard pour éviter le réchauffement climatique. Il faudra s'adapter.
Trop tard peut-être pour éviter le chaos qu'entraînerait une pénurie énergétique non anticipée.
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Les chercheurs prévoient une augmentation de + 1,1°C à + 6,4°C d’ici 2 100 [7]. C’est peu ? … Il y a 20 000 ans, la température moyenne de la Terre était inférieure de 5°C seulement à ce qu’elle est aujourd’hui… ce qui a suffi pour recouvrir le Nord de l’Europe de 2 à 3 km de glace et à faire baisser le niveau des océans de 120 m ! Et si ma température corporelle augmentait de seulement 4°C, je devrais m'en inquiéter sérieusement.
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Économiser l'énergie ?
... Mais il y a de l'énergie clandestine partout !
L'ombre du réchauffement climatique commande de s'en préoccuper, le combattre si possible, s'y adapter dans tous les cas. Ceux qui ont survécu aux glaciations sont ceux qui se sont adaptés en inventant le manteau de fourrure.
Pour limiter le réchauffement climatique il faudrait réduire, annuler peut-être, les émissions de CO2, donc consommer moins d'énergie fossile... donc consommer moins d'énergie puisque 80 % de notre énergie est de l'énergie fossile.
La difficulté est qu'il y a de l'énergie partout !
L'énergie clandestine - "Avez-vous de l'énergie à déclarer ?"
Il y a de l'énergie partout, pas seulement sous sa forme visible, charbon, pétrole, électricité, etc., il y a aussi de l'énergie dans presque tous les produits. Il y a de l'énergie cachée, clandestine, sournoise, tapie partout, dans le béton, l’acier, le verre, le coton, un pot de yaourt, etc. La moitié seulement de l’énergie consommée en France est de l’énergie honnêtement déclarée et comptabilisée en tant que telle : le chauffage des appartements, l'éclairage, les transports… L'autre moitié est de l'énergie "clandestine", grise, cachée dans tout ce que nous consommons ; "Avez-vous de l'énergie à déclarer ?" L'énergie clandestine est celle qui est brûlée dans l’exploitation des mines, la transformation des matières premières, la fabrication, le conditionnement, le transport jusque dans nos maisons, etc. [7-1]. Il y a des kg d’équivalent carbone clandestins dans chaque kg de produit manufacturé ; il y a du charbon clandestin dans mon pantalon – 7 kg de CO2 émis pour le fabriquer et le distribuer. Mon PC super-léger pèse 350 kg ! 350 kg de CO2. Il y a aussi du pétrole dans mon bifteck : 2 à 3 kg d'équivalent pétrole dans un kilo de bœuf. Nous mangeons du pétrole ! Aux États-Unis, il faut dépenser dix calories de carburant fossile pour produire une calorie de nourriture.
Il y a du CO2 dans tout ce que nous consommons.
Pour "Économiser l'énergie" il ne suffit pas de consommer moins d’énergie visible et déclarée, de l’essence, du fioul, du charbon ; il faut consommer moins de tout ; moins de kilomètres en voiture ou en avion évidemment, mais aussi moins de bibelots et de pantalons…
Environ 40 % de l'empreinte carbone d'un Français est non visible, cachée dans son alimentation et ses biens de consommation. Cette énergie cachée s'ajoute à l'énergie visible – transports, chauffage, électricité, etc. – la seule énergie à laquelle nous pensons généralement.
« Un euro dépensé en consommation finale en France en 2007 a généré en moyenne 465 g d’équivalent CO2 » (ALLEGER L’EMPREINTE ENVIRONNEMENTALE DE LA CONSOMMATION DES FRANÇAIS EN 2030 - ADEME 2015).
Il faut donc consommer moins, moins de tout
Il ne suffit pas de consommer moins d'énergie visible, il faut aussi consommer moins, moins de tout, moins de biens et de services, puisqu'il y a de l'énergie partout. Les obstacles sont considérables.
- Nous ne sommes pas sobres naturellement. Nous avons, inscrit dans notre ADN depuis notre passé lointain dans la savane, un penchant naturel à consommer sans modération, sans autre retenue que notre pouvoir d'achat. (Voir sur ce site La sobriété n'est pas naturelle)
- La population mondiale augmente. Donc elle consomme plus.
- Dans les pays émergents, des milliards de Terriens sont impatients de s'équiper pour vivre dignement eux aussi [8]. Leur préoccupation est d'émerger, pas de consommer encore moins que pas assez.
- Les pays développés sont disposés à faire quelques "petits gestes pour sauver la planète"... mais sans réduire leur train de vie ! Au contraire, ils implorent la croissance, comme des sorciers implorant la pluie.
Il y aura donc réchauffement climatique.
Il ne s'agit pas de crier au loup pour affoler le village ; il s'agit de prendre conscience qu'il faut se préoccuper sérieusement du problème – tout de suite.
Nous avons commencé à nous en préoccuper ; surtout en paroles, peu en actes. Parce que "Jusqu’ici tout va bien." (disait celui qui tombait du haut de la tour). Nous savons qu'il faut, qu'il faudrait, qu'il faudra réagir. Mais nous ne ressentons pas l'urgence. Savoir ne suffit pas ; il faut déjà subir pour agir.
La fracture planétaire - L'essor des pays émergents
La recette contre le réchauffement climatique serait : une louche d'énergies renouvelables, une cuillère d'économies d'énergie "visible", une pincée d'économie circulaire, une sortie du nucléaire, un train de vie différent, mais attention !, pas moins de train de vie. Et voilà ! Les héros des temps modernes sont les héros verts en bleu de travail qui bâtissent un avenir rose.
L'avenir sera rose quand il sera vert, disent-ils.
Ils construisent des éoliennes, installent des panneaux photovoltaïques, démontent les centrales nucléaires... même si fermer une centrale nucléaire est comme les saignées d'autrefois : on en sort tout pâle, diminué, affaibli (Voir La transition énergétique).
La recette est présentée avec une telle assurance que nous sommes tentés de l'acheter sans garantie.
Mais… si ça ne marche pas, où est le service de réclamation, quel est le numéro vert des Verts ?
Sera-t-il encore temps d'essayer une autre recette ?
Sera-t-il encore temps de remettre en service
les centrales nucléaires démontées ?
Pour l'instant, la recette ne fonctionne pas. Tous les jours la presse rapporte les effets d'un réchauffement climatique global déjà engagé ; sécheresses, canicules, inondations, incendies et ouragans... Et les rapports successifs du GIEC sont de plus en plus pessimistes.
Il faudrait consommer moins...
Mais une fracture planétaire, un apartheid planétaire, sépare les passagers sur le navire-planète ; cinq milliards de troisièmes classes dans les ponts inférieurs, et deux milliards de premières classes. Les uns consomment trop, les autres pas assez – pas encore assez.
Il faudrait consommer moins...
Mais soyons plus précis : il faudrait que les premières classes, les pays développés consomment moins ; ils peuvent se le permettre tout en continuant à vivre encore confortablement, ils ont déjà plus que le nécessaire. Mais les pays pauvres sont déjà des professionnels de la sobriété, on ne peut pas leur demander d'être plus sobres que sobres. Les pays riches peuvent se permettre d'investir dans une transition vers le monde de demain. Les pays pauvres ne peuvent pas se permettre ce luxe. Leur horizon c'est ce soir, c'est de se développer maintenant pour vivre dignement tout de suite, l'avenir on verra après.
La pauvreté existe aussi dans les pays développés, en comparaison aux classes moyennes de ces pays.
Mais cette pauvreté-là est désirable pour nombre de pays pauvres. Un travailleur en France ne gagnant que le SMIC est 10 fois moins pauvre, ou 10 fois plus riche, qu'un habitant moyen de République centrafricaine.
C'est pour cette pauvreté-là qu'ils prennent le risque de traverser la Méditerranée.
On a chanté que « la misère serait moins pénible au soleil ». Ce n'est pas l'avis de ceux qui affrontent le "mur Méditerranée" dans l'espoir d'échapper à la misère ensoleillée [8-1].
Consommer trop est un "privilège" rare, réservé aux happy few des pays développés, les passagers qui ont trouvé dans leur berceau un billet de première classe pour voyager sur le navire-planète.
On a coupé des têtes pour enseigner que les hommes naissent libres et égaux... mais certains sont encore beaucoup plus égaux que d'autres ; il y a maintenant une nouvelle aristocratie de naissance selon que l'on est né dans un pays développé ou non.
Les titres de noblesse, c'est-à-dire les billets de première classe, sont rares, moins de deux milliards, essentiellement dans les pays développés.
Les pays développés vivent au-dessus des moyens de la planète ; pendant longtemps ils ont été les principaux responsables du réchauffement climatique. Il serait justice qu’ils soient les premiers à faire des efforts pour réduire leurs émissions de CO2.
Mais cela suffirait-il ? Les pays riches ont-ils les épaules assez larges pour sauver la planète à eux seuls ? Non :

D'après International Energy Outlook 2016
(OCDE = "Organisation de Coopération et de Développement Économique", qui regroupe la plupart des pays développés.)
- La croissance des émissions des pays émergents, est spectaculaire, comme on doit s'y attendre... puisqu'ils émergent. Ils émettent peu par habitant, mais les populations augmentent et leur niveau de vie augmente.
- Les émissions des pays développés ont tendance à se stabiliser [8-2].
• La barre horizontale fléchée indique la limite d'émission mondiale totale à laquelle il faudrait revenir en 2035 pour contenir la hausse des températures à 2°C seulement (WEO 2011).
- Cette limite est déjà dépassée par l'ensemble de la planète.
- et déjà dépassée par les seuls pays émergents.
Ce diagramme met en évidence une réalité redoutable : les émissions des énormes pays pauvres et émergents pourront déjà créer, à elles seules, un réchauffement climatique supérieur à 2°C...
Même si les pays développés
ne vivaient plus que de vent et de soleil,
il y aurait quand même réchauffement climatique.
...[...]...
Le maximum syndical
Le train de l'humanité est lancé. Il roule au charbon. Il émet une énorme fumée, de plus en plus épaisse. Il faudrait changer la machine, passer à la voile ou autre, mais sans arrêter le convoi, et surtout sans déranger les passagers.
Les conducteurs de locomotive ont bien compris qu'il y a un problème, qu’il n’est pas possible d’avoir le beurre et l'argent du beurre, d'avoir à la fois croissance et progrès social et réduction des émissions de CO2. Mais il faut beaucoup de courage pour l'annoncer aux passagers ! D'autant plus qu'il faut aussi leur demander de payer d'avance, de débourser dès aujourd'hui l'argent du beurre de demain, un beurre qu'ils ne connaîtront peut-être jamais, seuls leurs enfants le goûteront.
Les passagers de première classe sont héroïquement prêts à faire leur part du travail, ils sont prêts à aller jusqu'au maximum syndical écologique, qui est comme chacun sait de fermer le robinet lorsqu’on se brosse les dents. Mais au-delà, ils exigent que les chauffeurs s'en débrouillent seuls. (Voir Peut-on échapper au réchauffement climatique ? Que peuvent les gouvernements ? Que pouvons-nous ?)
Quant aux passagers de troisième classe ils s'activent avec une formidable énergie juvénile pour monter en seconde classe.
Leur préoccupation est d'émerger maintenant,
elle n'est pas de réduire les émissions de CO2 demain.
[1] Jules César aurait ramené un million d’esclaves de la Gaule conquise. Après la chute de Jérusalem et la fin de l’aventure franque en terre sainte, on déplora un effondrement, un krach du cours du chrétien à Damas, tant l'offre était abondante.
[2] Les esclaves étaient une énergie potentiellement renouvelable... l’Empire romain interdit de les castrer – c'était le minimum pour assurer le renouvellement. Il inventa également les premières lois sur les économies d’énergie en interdisant de (trop) les maltraiter.
[5] « Philippe, toujours auguste, retenu alors quelques temps à Paris par les affaires de l'État, s'approcha d'une des fenêtres de son palais, où il se mettait ordinairement pour se distraire par la vue du cours de la Seine. Des chariots qui traversaient, en ce moment la Cité, ayant remué la boue, il s'en exhala une telle puanteur que le roi ne put y tenir. [...] il ordonna de faire paver toutes les rues et places de la ville, avec de fortes et dures pierres. » (Chronique de l'abbaye de Saint-Denis)
[6] Depuis 1848 dans les colonies françaises. C'est très récent.
[6-1] Version Jacques Chirac : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. »
Version Nicolas Hulot : « La planète est en train de devenir une étuve. »
Version Emmanuel Macron : « On est en train de perdre la bataille. » [ contre le réchauffement climatique] - « On ne va pas assez vite. »
[7] La fourchette est large car elle dépend d'incertitudes techniques, et surtout d'incertitudes sur la capacité des hommes à changer de comportements (Voir sur ce site Réchauffement climatique et consommation - L'ADN de la savane)
[7-1] Le paradoxe est que les produits qui contiennent le moins de CO2 et de matériaux, par rapport au pouvoir d'achat qu'ils captent, sont les produits de luxe ; un tableau de maître, une montre de luxe... le luxe est écologique !
[8] Un exemple terre à terre de ce qu'il y a à faire :
« Dès son arrivée au pouvoir en mai 2014, M. Modi, nouveau premier ministre de l'Inde, avait fait de cet enjeu sanitaire l’une de ses priorités, promettant que tous les foyers indiens seraient dotés de toilettes d’ici à la fin de son mandat en 2019. On estime que plus de 550 millions de personnes, soit près de la moitié de la population, pratiquent la défécation en plein air dans le pays, entraînant des problèmes de santé. » (L’« Inde propre », un défi sanitaire loin d’être gagné - journal Le Monde, 2016)
[8-1] Certains périssent. Pour quelques passagers de première classe le problème serait ceux qui réussissent la traversée.
[8-2] En partie parce que les pays développés se sont acheté une vertu écologique en délocalisant leurs usines, exportant ainsi leur pollution et leur CO2 vers la Chine et autres pays émergents.
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