Une écologie réaliste
Sans dogmes
L'agriculture bio utilise des pesticides
L'agriculture bio prétend ne pas utiliser de pesticides... ... Pourtant, l'agriculture bio utilise le pyrèthre, un pesticide dangereux pour les utilisateurs, pour la faune aquatique, pour la faune terrestre, pour les abeilles. Qui dit pire ? Peut-on réduire l'utilisation des pesticides, en agriculture conventionnelle ou en bio ?
L'invention des pesticides bioLa crainte des pesticides, imaginaire ou non, avait conduit le Grenelle de l’environnement (2007) à demander de réduire de moitié l'utilisation des pesticides en France d’ici à 2018. Ça n'a pas marché. Pourtant, depuis longtemps déjà, on avait inventé l'agriculture bio qui prétend ne pas utiliser de pesticides – c'est du moins ce que les marchands de bio certifient. Des consommateurs les croient. Mais ne soyons pas naïfs ; faut-il croire que les pestes éviteraient d'attaquer les cultures bio ? Évidemment non, d'autant qu'elles ne savent pas distinguer les cultures bio des autres, elles ne connaissent pas le label bio, elles s'attaquent à tout ce qui bouge... Les cultures bio sont elles aussi attaquées par les pestes, les agriculteurs bio doivent eux aussi s'en défendre, et ils se défendent eux aussi en utilisant des pesticides. C’est la nature elle-même qui a inventé le concept de pesticides. Elle a inventé le poison et a trouvé que "cela était bien". Alors elle en a mis presque partout, champignons, serpents (souvenons-nous de Cléopâtre), scorpions, frelons, mygales, moustiques (souvenons-nous des soirées d'été). Elle en a mis aussi dans la plupart des plantes. Elle a mis du poison-pesticide dans les plantes, pour qu'elles se défendent des ravageurs. Bonne aubaine pour la filière bio qui s'est ainsi lancée dans l'industrie des pesticides ; elle extrait ces poisons produits par les plantes, et les vend en tant que pesticides bio. Pesticides ? Mais ce n'est pas la même chose ! jurent les marchands de bio ; nous "traitons" nos culture, avec amour, en utilisant des "substances" créées par Mère Nature, elles sentent bon les fleurs des prés, elles sont bio, elles sont naturelles, na-tu-relles ! Elles n'ont rien à voir avec ces pesticides de synthèse que les diables d'hommes mijotent dans leurs chaudrons infernaux, disent-ils. Ce n'est pas la même chose, elles sentent bon l'herbe des prés, disent-ils...
Le lobby bio a commencé par marteler que les pesticides sont dangereux, que nous sommes tous condamnés. Puis le lobby bio a annoncé la bonne nouvelle : "réjouissons-nous frères fortunés des pays développés, nous sommes sauvés, il existe des aliments sans pesticides". Nous sommes naïfs, nous l'avons cru, nous avons exigé du bio dans les cantines scolaires (pour les adultes il est trop tard, mais on espère encore sauver quelques enfants). La bonne nouvelle était une fausse bonne nouvelle. Le lobby bio avait oublié de dire que les cultures bio elles aussi sont arrosées de pesticides. On a bio dire, nous sommes naïfs.
"Éloignez de moi ces pesticides que je ne saurais voir",
Les pesticides bio sont naturels... et alors ? Le venin de cobra est naturel... et mortel ! Comme des champignons, la toxine botulique, etc., qui sont naturels et mortels. [1] ! Quelle serait la différence entre les pesticides qui tuent les pestes... et les pesticides bio... qui tuent les pestes ? Les pesticides bio ne font pas semblant de tuer ; les bestioles empoisonnées confirment, en se tenant le ventre, que ce ne sont pas des poisons "pour de rire".
Le mythe du naturel
C'est cela le mythe du naturel, le mythe que les plantes, les animaux, nous, bref, la vie, tout cela est autre chose que la chimie. Cela on le croyait il y a deux siècles. Les étranges propriétés de la vie, le miraculeux développement des êtres vivants qui se construisent tout seuls à partir d'une graine ou d'un oeuf, ce n'était pas explicable à l'époque. Cela signifiait que la vie était d'essence différente du monde minéral, du monde de la chimie des hommes. On l'a cru... jusqu'au jour où, en 1828, Wöhler réussit à synthétiser de l’urée – substance "naturelle", produite par les êtres vivants – à partir de composants purement minéraux. Depuis ce jour on sait que les substances synthétisées par les êtres vivants, par la vie... c'est de la chimie. La vie est chimie, nous sommes chimie. Et éventuellement autres choses aussi, mais c'est un autre sujet. Nous somme chimie, nous en faisons l'expérience lorsque nous prenons des médicaments : les médicaments chimiques agissent sur nous, nous guérissent, parce que la chimie des médicaments est la même chimie que la nôtre. Les consommateurs de bio redoutent les substances dites non naturelles, "chimiques"... mais ne craignent pas l'incohérence. Paradoxalement ils demandent l'interdiction des substances chimiques pour soigner les plantes... mais se soignent eux-mêmes sans crainte avec des substances chimiques ! Ils redoutent d'infimes traces de résidus de pesticides sur les plantes, mais avalent des bactéricides sans trembler. Bactéricide pour moi oui, pesticide pour les plantes non. Les quantités de produits avalés dans une pilules de bactéricide sont pourtant infiniment supérieures aux microtraces éventuelles de résidus de pesticides sur les légumes. Quelques personnes tentent d'éviter le paradoxe en refusant les médicaments de synthèse pour elles-mêmes comme elles refusent les pesticides de synthèse pour les plantes. Elles se "soignent" avec des plantes... tant qu'elles ne sont pas vraiment malades. Pour être cohérent avec la phobie des pesticides faut-il fermer les pharmacies, les remplacer par des herboristeries qui vendront des tisanes naturelles contre les rages de dents, les épidémies, les cancers ? Deux siècles après Wöhler, les marchands de bio croient encore au mythe du naturel ou font mine d'y croire, et en font un argument de vente auprès de clients crédules.
Dans le domaine du meurtre, du crime, de l'empoisonnement, la merveilleuse nature a l’esprit fertile. La nature est un Colisée planétaire où il n’y a pas de spectateurs, nous sommes tous des gladiateurs dans l'arène, mal armés par la nature, entourés de fauves. La nature a inventé les microbes, les virus, ou encore ces guêpes qui pondent leurs œufs dans une chenille, afin que la larve de la guêpe puisse se développer en dévorant la chenille vivante de l’intérieur. Pire que le Colisée. L’entomologiste Fabre s’indignait : « Ah les féroces bêtes ! […] La mante fait régal de son pareil ». Sans parler de notre chat si mignon qui s'amuse si joliment de la souris avant de la croquer. Ou pire encore, sans même la croquer, seulement pour le fun.
« La simple vérité est que la nature accomplit chaque jour presque tous les actes pour lesquels les hommes sont emprisonnés ou pendus lorsqu'ils les commettent envers leurs congénères. » (Sur La Nature - John Stuart Mill, 1806-1876).
« Le monde est une fête où le meurtre fourmille La nature a inventé l’association criminelle – celle de la meute de loups. Elle a inventé le racket – celui du parasite envers son hôte. Les pesticides naturels... des armes chimiques 100 % bioLes poètes chantent les fleurs de champs... Le pyrèthre, insecticide naturel, bio, est un suc des fleurs des champs, don de la nature, de la terre du vent et du soleil... et est aussi une arme chimique qui tue presque tout ce qui bouge : les insectes ravageurs évidemment, c’est bien pour cela qu’on le paye, mais aussi les insectes utiles comme les abeilles et les coccinelles. Les coccinelles se nourrissent des pucerons qui ravagent nos cultures, elles sont nos auxiliaires. Même si elles sont de belles bêtes à bon dieu, leur bel habit ne fait pas le moine, sous leur capuche noire elles dissimulent les cisailles qui découpent les pucerons en trois coups de mandibules. Détruire les coccinelles c'est détruire nos auxiliaires, c'est nous tirer dans une balle dans le pied [4]. C'est-à-dire que pyrèthre bio et lutte biologique ne font pas bon ménage. Les pyréthrines tuent aussi les lézards, grenouilles, poissons… Bref, elles tuent – avec beaucoup de naturel – la plupart des animaux à sang froid.
Malgré tout cela, le pyrèthre est utilisé par l'agriculture bio, qui ne peut pas dire qu'elle ne savait pas, les dangers sont signalés sur les emballages. Un exemple d'étiquetage :
Présentation
En résumé, le pyrèthre, insecticide bio, est dangereux pour les utilisateurs, pour la faune aquatique, pour la faune terrestre, pour les abeilles. Trouvez pire ! En comparaison, une arme chimique n'est qu'un pétard de quatorze juillet... Et pourtant, ce produit est en vente libre dans les jardineries, comme un vulgaire fusil d'assaut aux États-Unis.
Pour quelles raisons les pesticides de synthèse,
Peut-on réduire de moitié l'utilisation des pesticides – (bio ou non bio) ?La France essaye, et ré-essaye. Le Grenelle de l’environnement (2007) demandait de réduire de moitié l'utilisation des pesticides en France d’ici à 2018. Mais... est-ce possible, avec quelles conséquences ? Rue de Grenelle, personne ne se posait des questions aussi bassement terre-à-terre. Des études ont été menées par la suite pour tenter de répondre à ces questions bassement terre-à-terre. L'INRA résume : « Une réduction de moitié de l’utilisation des pesticides supposerait une nouvelle conception des systèmes de production, avec des effets significatifs sur le niveau de production et les marges ; elle supposerait également des modifications au niveau des filières et des marchés, et des changements profonds s’inscrivant dans la durée. Par exemple, en grandes cultures, cet objectif supposerait d'allonger les rotations et donc d'introduire« de nouvelles cultures dans les assolements. » (Ecophyto R&D – Quelles voies pour réduire l'usage des pesticides ? – 2010) C'est-à-dire que c'est peut-être possible, mais mais l'Inra prévient, c'est difficile. Et ces nouvelles cultures qu'il faudrait introduire, lentilles, pois chiches, etc.... il faudra les écouler ; les consommateurs y prendront-ils goût ? Sinon, il n'est pas certain qu'il suffise de proposer plus souvent des lentilles dans les cantines scolaires, gaspillage de nourriture assuré. Et surtout, l'Inra pointe qu'il en résulterait une baisse de production en raison d'une baisse des rendements. Avons-nous les moyens de nous permettre une baisse de production alors que la population mondiale augmente ? Sur quelles terres pourrons-nous compenser cette baisse de production ? Sur des terres gagnées sur la forêt ? (Voir sur ce site Pour nourrir les hommes et sauver la forêt il faut augmenter les rendements agricoles.
Le Grenelle de l’environnement demandait de réduire de moitié l'utilisation des pesticides en France d’ici à 2018. Ça n'a pas marché.
Ça n'a pas marché ? Qu'à cela ne tienne, le ministre Stéphane Le Foll a présenté en janvier 2015 un nouveau plan visant... à réduire de moitié l'usage des pesticides... d’ici 2025 !
« La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent (attribué à Einstein, on ne prête qu'aux riches). Les OGM Bt résistant à un insecte permettent de réduire l’usage des insecticidesCe travail de l’Inra soulève une autre remarque : - Le but est de tenter de réduire l’usage des pesticides en France. - Il est acquis que les OGM Bt résistant à un insecte permettent de réduire l’usage des insecticides. A priori, c’est donc un des éléments de la solution. (Voir sur ce site Les OGM Bt réduisent les insecticides...) - L'Inra le sait, pourtant, l'utilisation d'OGM Bt n’est pas envisagée dans le travail de l’INRA. Explication dans le rapport : « L'objectif étant d'identifier des stratégies de protection des cultures applicables dès à présent par les agriculteurs, les solutions proposées n'intègrent pas l’utilisation, entre autres, de variétés génétiquement modifiées. » (INRA Ecophyto R&D – Quelles voies pour réduire l'usage des pesticides ? - Synthèse – 2010) Les variétés génétiquement modifiées ne seraient pas applicables dès à présent par les agriculteurs ? ! Alors que les surfaces cultivées en OGM dans le monde sont de 160 millions d’hectares, correspondant à environ cinq fois la superficie totale cultivée en France ? ! Faut-il conclure que le Lobby anti-OGM aurait fauché non seulement les OGM, mais également toute velléité de recherche dans le domaine ?
[1] Dans le domaine des armes chimiques, les toxines les plus "prometteuses", sont des toxines naturelles produites par des animaux, des plantes, des champignons, des bactéries (Protein biotoxins of military significance).
[4] On a déjà décrit longuement que mère nature méritait l'Oscar du meilleur film d’horreur où le suspense ne faiblit jamais ; les ravageurs mangent nos plantes ; mais les insectes auxiliaires se régalent des ravageurs ; mais les passereaux gobent les auxiliaires ; mais les rapaces chassent les passereaux ; mais des reptiles gobent les œufs des rapaces, et ces reptiles sont eux-mêmes chassés par d’autres encore, ainsi de suite...
[5] "Polyvalence" signifie ici : "tue tout ce qui bouge".
[6] On soupçonne certains pesticides de synthèse de nuire aux abeilles ; ils sont interdits... le pyrèthre bio aussi nuit aux abeilles ; il reste en vente libre. Pourquoi ce traitement de faveur ?
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Mise à jour : 16 janvier 2021